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Channel: Commentaires sur : Marcela Iacub invente la littérature putassière honteuse
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Par : jc durbant

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Dans Libé 2 mois après la fin de sa relation avec son projet cochon, voir aussi, après celle de son bouquin de 2011 (« Une société de violeurs? »), la plaidoirie de la « carnivore repentie » (« Confessions d’une mangeuse de viande », 2011 ):

L’affaire du Carlton de Lille ressemble à maints égards au procès de Meursault, le héros de l’Etranger d’Albert Camus. Ce célèbre personnage avait été condamné à la guillotine parce qu’il n’avait pas pleuré lors de l’enterrement de sa mère. Comme si la fonction de la justice pénale était non pas de punir les comportements illégaux, mais d’autres offenses qui n’ont aucune traduction juridique.

(…)

Ce ne sont pas les accusations des femmes à l’encontre de ses comportements impolis, voire cavaliers, qui expliquent cet état de fait. Si cet individu est devenu un paria, c’est parce qu’il a outragé la fonction présidentielle. Il est hors monde pour avoir offensé moins des femmes que la République. L’affaire du Carlton, où il n’y a aucune personne forcée, harcelée ou violée, nous a permis de connaître cet outrage.

Les récits des partouzes avec des putes, des entrepreneurs et des commissaires de police ont donné l’occasion à la société française de fantasmer ce qu’aurait pu devenir l’Elysée si DSK avait été élu président : une somptueuse boîte échangiste consacrée à l’assouvissement de ses désirs inépuisables. Ses assistants, courtisans, tels de serviles rabatteurs, auraient cherché à lui organiser des fêtes et à lui trouver de nouvelles maîtresses. Tout cela dans la plus grande impunité que lui auraient accordée ses fonctions présidentielles.

En somme, au lieu de servir le pays – ou plutôt, en plus de le servir -, il aurait instrumentalisé le pouvoir suprême pour satisfaire ses pulsions et ses plaisirs. C’est cette insulte à la fonction présidentielle que les juges de Lille ont perçue. Les magistrats ont entrevu que les partouzes avaient comme épicentre le plaisir personnel de celui que l’on pressentait comme futur président français. De celui qui, pour ce seul fait, était en train d’outrager la République. Mais, si cette offense est si difficile à nommer, si elle n’a pas une quelconque traduction juridique, c’est parce que l’abus du pouvoir sexuel ne se conçoit aujourd’hui que comme une violence ou une atteinte que l’on porte à une personne subordonnée et non consentante. Il suffit qu’elle approuve librement pour qu’il n’y ait aucun abus, aucune infraction, aucune plainte.

On ne s’imagine pas qu’un acte sexuel consenti avec celui qui exerce le pouvoir politique puisse être une atteinte à l’exercice démocratique, et donc au peuple qu’il est censé servir. On a du mal à comparer un acte sexuel consenti à des cadeaux, à s’imaginer qu’il soit lié à des facilités et des prébendes, parce que le sexe a un statut à part. Il n’est pas perçu comme les autres biens et services qui circulent sur le marché. On a du mal à concevoir que, dans ces conditions, un acte sexuel soit un acte de corruption qui devrait être sanctionné pour le tort qu’il porte à l’exercice du pouvoir démocratique.

C’est pourquoi un président de la République lubrique trouverait les partenaires qu’il souhaite, dans les conditions qu’il souhaite, sans qu’il soit nécessaire de faire appel à la prostitution comme c’était le cas à Lille – ce que DSK dit avoir ignoré – alors qu’il n’était qu’un futur, un éventuel président. Pour un chef d’Etat en exercice, il y aurait une foule de maîtresses et de rabatteurs prêts à le satisfaire en attendant que leurs faveurs soient un jour récompensées.

C’est cette atteinte innommable à la fonction présidentielle – que l’on ne peut pas sanctionner juridiquement à cause du puritanisme victimaire de notre législation sexuelle – qui a mis DSK dans cette position de paria, mais sans que l’on puisse l’obliger à devenir pensionnaire de la prison de la Santé. C’est parce qu’il n’aurait trouvé que des partenaires consentantes, et non pas parce qu’il aurait forcé des femmes en profitant de son pouvoir, que Dominique Strauss-Kahn n’est plus qu’un spectre dans le paysage politique français.

Mais, heureusement pour lui, la vie politique n’est pas toute la vie. Souhaitons à cet homme que, dans la nouvelle étape qu’il vient d’entamer, le fait de ne plus avoir un quelconque pouvoir politique ne l’empêche pas de continuer de s’amuser. A ses propres frais.

Marcela Iacub (Libération, 05.10.12)


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